Voilà, Linkounet m'a demandé si j'acceptais de poster ici quelques tests écrits originaires de
. Ca me semble être une très bonne idée, alors en voilà un. Notez que je posterai peut-être à l'occasion des critiques exclusives pour Fyngame. On verra bien...
Another WorldGenre : Action
Editeur : Delphine Software
Développeur : Eric Chahi
Dates de sortie :
Japon : 1991
USA : 1991
Europe : 1991
PEGI : 12+Another World, c'est d'abord l'histoire d'un homme : Eric Chahi. Après avoir développé de nombreux jeux Amstrad CPC comme sa célèbre conversion d'
Infernal Runner, il finira par entrer un contact avec Philippe Ulrich, auteur du cultissime
Captain Blood (entre autres). Il atterrira chez Delphine Software, la boîte de Paul Cuisset, pour laquelle il réalisera les graphismes des
Voyageurs du Temps. Mais Chahi regrette le bon vieux temps où il développait des jeux tout seul dans son garage. Il se mettra alors en tête de développer lui-même un nouveau jeu pour l'Amiga utilisant une technique d'animation révolutionnaire : des polygones animés vectoriellement. Un concept qui lui permettra de réaliser des scènes cinématiques prenant une place infime sur les disquettes Amiga, en réponse au portage de
Dragon's Lair sur ce même support qui avait demandé de nombreux sacrifices aux développeurs, pour un jeu tournant au final sur plusieurs disquettes.
Another World, c'est aussi l'histoire d'un autre homme : Lester Knight Chaykin. Ce jeune scientifique réalise une expérience assez dangereuse lors d'une nuit orageuse, quand un éclair s'abat sur son laboratoire et téléporte Lester dans "Another World", l'autre monde. Cet événement nous est relaté par une magnifique séquence d'intro, longue de pas loin de 2 min, avec des plans dans tout les sens, des gros plans, une ambiance pesante... Bref, on a vraiment l'impression de mater un film. En 1991, c'est tout simplement du jamais vu, et de mon point de vue, c'est l'intro de JV la plus prenante que je n'ai jamais matée (attention, j'ai pas dit "la meilleure intro" ou "l'intro la plus épique", hein !). Suite à cette dernière, le jeu commence directement, sans la moindre transition. Et quel commencement ! Lester se retrouve sous l'eau, alors que des tentacules (hmm...) remontent des abysses dans l'espoir de le bouffer. Le jeu a à peine commencer qu'il faut se dépêcher de se diriger vers le haut pour monter à la surface.
Et du début à la fin, ce sera ainsi : de l'action non-stop, en veux-tu, en voilà. Le jeu enchaîne les séquences cultes d'une manière ahurissante, et se permet même le luxe de varier par la même occasion le gameplay le temps de quelques secondes.
Another World est donc d'une certaine façon, l'ancêtre de tout les jeux d'action actuels constitués presque essentiellement de scènes scriptées... le plus souvent sans âme et sans surprise. C'est loin d'être le cas d'
Another World, où vous serez amenés a être poursuit par des bêtes sanguinaires, à prendre part à de nombreux gunfights (j'en reparlerai plus loin), à déambuler dans des tunnels étroits, ou encore à pianoter sur des tableaux de commandes pour vous en sortir à temps. Mais je n'irai pas plus loin dans l'énumération des scènes cultes de ce jeu, car je n'ai pas la moindre envie de vous spoiler.
Le gameplay, bien que s'adaptant régulièrement aux séquences "showtime" rencontrées, demeure très simple. Il ne demande que deux boutons ! L'un pour sauter, l'autre pour courir lorsque vous êtes en mouvement et attaquer une fois arrêté. Si au début vous n'attaquerez qu'à l'aide de minables coups de pieds, vous récupérerez très vite dans l'aventure un flingue, véritable trouvaille du gameplay du jeu. En effet, vous pouvez l'utiliser de 3 façons différentes : soit en appuyant simplement une fois, ce qui vous fera faire un tir simple; soit en maintenant le bouton quelques secondes puis en le relâchant, ce qui vous permettra de créé un bouclier qui stoppera les tirs ennemis jusqu'à sa destruction; soit en maintenant le bouton pendant 5 bonnes secondes puis en le relâchant, ce qui effectuera un méga tir de malade capable de briser les boucliers ennemis et certains murs. Forcément, imaginez le niveau de fun qui vous attend lors des nombreux gunfights, qui vous opposeront même parfois face à 4 ennemis simultanément, ennemis qui n'hésiteront pas à vous attaquer de tout les côtés...
Pour le reste,
Another World est un simple "
Prince of Persia-like". Vous pourrez donc également vous baisser, et pratiquer le combo course puis saut pour sauter plus loin. Néanmoins, Lester ne grimpe pas aux corniches, ce qui vous obligera à réfléchir un petit peu plus que dans un
Flashback (qui est d'ailleurs très inspiré d'
Another World pour sa mise en scène). Réfléchir, c'est bien le mot, car l'aventure est remplie d'énigmes à vous arracher les cheveux. Bon, c'est loin de
Myst, mais certains trucs sont vraiment pas évident à trouver, tout en restant à chaque fois logique. C'est impressionnant de voir à quel point Chahi à réussi à créér des énigmes aussi bien pensées que des scènes d'action aussi épiques. C'est pas un mal remarquez, car l'aventure est vraiment courte. Un joueur moyen finira le jeu en moins d'une heure lors de sa première partie, tandis qu'un fan connaissant le titre par coeur en viendra à bout en une vingtaine de minutes (cinématiques comprises, car exceptée l'intro, on ne peut pas les sauter). Et pourtant, une fois l'aventure terminée, on a pas le moins du monde l'impression d'avoir eu affaire à un jeu trop court. Et on imagine mal l'aventure durer plus longtemps, d'autant plus que cette version PC comporte un niveau supplémentaire se déroulant dans une cathédrale et dans les geôles d'une arène. Niveau qui sera d'ailleurs repris dans toutes les versions ultérieures (excepté les portages GBA et DC, me semble-t-il).
Graphiquement, vous le voyez : c'est space. On aime ou on aime pas, bien qu'objectivement c'est pas super beau. Mais ça donne vraiment un cachet unique au jeu. Le choix des couleurs est en plus très bon, et l'animation bluffante, car réalisé via rotoscoping ("l'ancêtre" de la motion capture). La bande-son est discrète. Les effets sonores sont réussis et mettent tout de suite dans l'ambiance (on a même droit à quelques voix aliens), mais les musiques sont absentes de tout le jeu, excepté lors de l'intro et de la séquence de fin. Et désolé pour Jean-François Freitas, mais elles ne marqueront pas les mémoires. Ceci dit, l'homme a réalisé la plupart des effets sonores avec Eric Chahi, on va lui pardonner, donc.
Bref,
AW est un titre culte, et c'est vraiment LE chef-d'oeuvre du jeu vidéo français. Loin devant
Rayman,
Alone in the Dark et autres
Beyond Good & Evil, qui sont tous de très bons jeux, mais qui ne parviennent pas à dégager une ambiance aussi mystérieuse et à la fois si attachante propre à l'oeuvre de Chahi. Notez que cette version PC n'est pas la plus intéressante de toutes. Certes, le jeu n'est pas censuré (contrairement aux versions consoles 16-bits) et propose déjà le niveau supplémentaire absent des versions Amiga et ST. Ceci dit, le jeu est loin d'être super fluide, et il n'est doté de quasiment aucune musique. D'ailleurs, à l'occasion des 15 ans du jeu, une réédition PC avait vu le jour, désormais en HD, dotée d'une fluidité exemplaire, et avec les deux seules musiques originales remixées, le tout vendu avec la (petite) OST du jeu et un making-of fort intéressant. Toujours pas de musiques in-game, mais cette version est la meilleure dispo à ce jour. Pour 10€, ce serait bête d'être radin...
Musiques : 11/20
Peu nombreuses et loin d'être marquantes.
Graphismes : 15/20
C'est pas magnifique, mais l'ambiance est extra.
Durée de vie : 13/20
Courte, mais sans paraître abusive. C'est largement suffisant. Et on y revient souvent.
Gameplay : 16/20
Quelques minutes de prise en main sont nécessaires, mais après, ça roule comme sur des roulettes.
Note générale : 18/20
Allez quoi, soyez patriotique. Jouez au meilleur jeu français EVER. Et sachez qu'au Japon ce jeu à cartonné. Comme ça, si vous aimez le Japon vous y jouerez aussi...